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Présentation

Les bâtiments à l’abandon constituent les ruines du post-modernisme. L’ancienne fonderie industrielle de cette série, construite au tout début du vingtième siècle, s’est éteinte un siècle plus tard, victime de la crise économique et de la délocalisation des sites industriels.

La ruine, comme projection d’un passé révolu dans l’espace temporel présent, fait ressentir le temps. Représentée pour sa valeur symbolique, elle est le signe de l’impuissance des choses humaines à résister à la durée. Ce qui m’a frappée dans cette usine, c’est de découvrir ces plantes sauvages, le Tiers Paysage, nommé ainsi par Gilles Clément¹ en référence au Tiers Etat, installées sur le sol noirci par le travail de l’acier, aujourd’hui devenu terrain fertile.

Le Tiers Paysage n’est soumis ni au pouvoir ni à la volonté de l’homme, il s’installe dans certains lieux non exploités, favorables à la biodiversité, ou dans les lieux abandonnés, les délaissés.
La végétation et la friche industrielle sont en interaction. Tout comme la ruine, le végétal, dans un mouvement cyclique, traverse les époques et indique le passage du temps.

Mon premier regard, plastique et contemplatif, est documentaire.
Puis des objets prélevés à l’usine sont photographiés en suivant les codes de la photographie d’archéologie. La mousse qui a poussé dessus vient confirmer l’intention des premières photographies : l’objet manufacturé ne dure pas.
A partir de moules trouvés dans la fonderie, je crée enfin de nouveaux objets, empreintes végétales et vivantes de l’objet sériel.
La mousse est cultivée également sur des cartes postales d’anciens sites industriels, associant dans ce memento mori le sort de la photographie à celui des autres industries de la modernité.

 

1. CLEMENT Gilles, Manifeste du Tiers Paysage, Paris, Editions Sens et Tonka, 2014